
Après le procès des attentats, le courage de la nuance
(photo David Fritz Goeppinger)
“Plusieurs parties civiles, lors de leur témoignage, ont dit qu’elles se désintéressaient de la sentence, qu’une fois le procès terminé elles souhaitaient que les accusés disparaissent des mémoires, que jusqu’à leurs noms soient oubliés. Je comprends.
Je comprends mais moi je ne peux pas.”
Ainsi s’exprimait Georges Salines quelques heures avant que soit rendu le verdict du procès des attentats du 13 novembre.
Georges Salines est le père de Lola, assassinée au Bataclan le 13 novembre 2015.
En janvier 2016, il a créé avec d’autres victimes l’association 13onze15 Fraternité et Vérité, dont il a été le président jusqu’en septembre 2017, et dont il est aujourd’hui président d’honneur.
Le drame qui a frappé sa famille, et la réflexion que celui-ci a nourri chez lui, ont également conduit G. Salines à produire plusieurs interventions publiques et témoignages. Comme dans Mediapart où, a l’instar de 6 autres victimes directes et indirectes des attentats, il a publié sa propre chronique du procès. Ou en librairie, au travers de 2 ouvrages : “L’indicible de A à Z” (Le Seuil) et “Il nous reste les mots“ (Robert Laffont) écrit avec Azdine Amimour, le père de l’un des auteurs des attentats.
Dans tous ses témoignages, quelle que soit leur forme, Georges Salines cherche à expliquer qu’il est non seulement possible de ne pas laisser la colère diriger notre pensée et nos actions, mais que c’est une condition nécessaire :
1) Pour se reconstruire au niveau individuel
2) Pour être efficace contre le terrorisme (en particulier contre le terrorisme djihadiste).
Pour lui, cette lutte se heurte à deux pôles opposés :
– A droite (et pas qu’à l’extrême-droite), on nous explique que pour combattre le djihadisme il faudrait interdire le voile dans l’espace public, expulser du territoire les imams salafistes, bannir le wokisme de l’université, faire cesser la vente des burkinis, déchoir les bi-nationaux de la nationalité français au premier délit … Ceux qui ne pensent pas cela sont souvent accusés de faire preuve de naïveté…
– A gauche (et surtout à l’extrême gauche), on considère trop souvent que “ça n’a rien à voir avec l’islam“, que la source du terrorisme est avant tout économique et sociale, liée à l’exploitation des pays colonisés et à l’exclusion des populations immigrées. Et certains (c’est devenu très rare) se laissent aller à comprendre le terrorisme jusqu’à excuser les terroristes.
Le 30 juin dernier, la cour d’assises spécialement constituée pour juger les auteurs des attentats du 13 novembre 2015 rendait son verdict.
3 mois plus tard, la Carmagnole reçoit Georges Salines pour une conférence-débat.