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La répression des enseignants, une vieille histoire ?

16 Déc
Organisé par la Carmagnole

Enseignante en lycée et chargée de cours en histoire et sociologie de l’éducation à l’Université de Paris, Laurence De Cock a publié de nombreux ouvrages touchant à l’histoire de l’enseignement.
Elle vient de publier récemment “Une journée fasciste” (Editions Agone) consacrée à Célestin et Elise Freinet.
Ce 24 avril 1933, dans la petite école de Saint-Paul dirigée par C. Freinet, le maire et ses ouailles décident de déloger ce directeur manu militari. Mais Freinet, informé, était prêt à les accueillir, armé.
Car depuis des mois, l’instituteur subissait une campagne de diffamation menée par le maire, soutenue par quelques habitants du village, qui veulent le chasser.
Cette petite affaire locale avait pris une envergure nationale grâce à de solides appuis via la presse d’extrême-droite. En cause, la pédagogie de Freinet, qui favorise une totale liberté dans l’expression écrite des enfants. Quelques mois plus tôt, un enfant avait donné le récit, qui fut imprimé sans aucune censure de l’instituteur, d’un rêve où le maire était attaqué par les élèves.
Le prétexte était tout trouvé pour se débarrasser de cet encombrant militant communiste : ce rêve révélait bien la pédagogie subversive de Freinet.
Après une restitution des faits, fondée sur les archives (notamment policières), ce livre interroge ce qui peut mener un instituteur pacifiste à brandir une arme dans la cour de son école ; puis, sur la base de l’histoire de l’éducation et des controverses pédagogiques, il montre l’importance de la surveillance et de la criminalisation des pratiques dérogeant aux normes gouvernementales.
 Au final, l’ouvrage vise à une compréhension de la-dite « pédagogie Freinet » dans le cadre d’une analyse de la mission de service public et d’une contribution à une autre histoire de l’école républicaine.


Célestin Freinet avec ses élèves

Le même Agone réédite par ailleurs la “Lettre à une enseignante” des enfants de Barbiana, toujours sous l’avant-propos de Pier Paolo Pasolini mais avec la préface, aujourd’hui, de Laurence De Cock.
Édité pour la première en français en 1968, épuisé depuis la fin des années 1970, ce classique oublié rappelle la relégation toujours d’actualité des enfants pauvres. Mais ici la critique de l’école reproductrice d’un ordre social injuste est formulée par ceux qui le subissent.
Pour L. De Cock, “Les élèves de Barbiana rappellent l’école publique à l’ordre parce qu’elle n’accomplit pas sa mission, réclamant une institution qui se préoccupe davantage de ceux dont les parents n’ont ni l’argent ni la culture qui leur permettent de compenser l’absence d’éducation scolaire. La France reste l’un des pays européens au système éducatif le plus inégalitaire, c’est-à-dire celui dans lequel le poids des origines sociales pèse le plus lourd. Dit autrement, l’école française est aussi performante pour faire réussir les élèves les plus socialement favorisés qu’orienter les enfants des milieux populaires dans des voies de relégation. C’est précisément ce sur point que cette réédition est salutaire : en redonnant à voir l’urgence de transformer l’école publique au prisme des besoins des enfants des catégories populaires.”

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Détails

Date :
16 décembre 2022
Heure :
19h00 - 21h00
Catégories d’Évènement:
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Lieu

À la Carmagnole
10 rue haguenot
Montpellier, 34000 France

Organisateur

La Carmagnole