L’affaire Julian Assange
Julian Assange, journaliste australien, a fondé en 2006 le site d’information Wikileaks pour permettre à des lanceurs d’alerte de publier des enquêtes et révélations sur des sujets d’intérêt public en protégeant leurs sources. En 2010, la publication des informations transmises par Chelsea Manning révèlent les crimes de guerre commis par l’armée des USA en Irak et en Afghanistan, avec entre autres la vidéo “Collateral murder” et sont relayées dans la presse internationale : New York Times, le Guardian, Le Monde…
Mais cette audace vaudra à Julian Assange d’être persécuté sans relâche par le gouvernement des USA avec la complicité des gouvernements suédois et britannique.
En 2012, à la suite d’une accusation de viol fabriquée par la police suédoise qui trainera en longueur pour se conclure par un abandon des poursuites, il se réfugie à l’ambassade d’Equateur à Londres pour éviter l’extradition aux USA .
Mais après le changement de gouvernement en Equateur, Lenin Moreno qui succède à Rafael Correa cède aux pressions états uniennes et permet l’arrestation de Julian le 11 avril 2019.
Il est incarcéré depuis dans la prison de haute sécurité de Belmarsh réservée aux grands criminels, dans des conditions que le rapporteur de l’ONU qualifie de torture, sous la menace d’une extradition aux Etats Unis et d’un procès pour “espionnage”.
Dans le cas Assange , celui qui dévoile les crimes de guerre d’un gouvernement devient l’accusé, violeur, espion, pirate informatique, on assiste à l’inversion de l’accusation et à la destruction d’un individu à titre d’exemple pour montrer ce qu’il en coûte de dévoiler les crimes d’état, la corruption et dissuader tout autre d’en faire autant .
Ce qui est grave, c’est le silence des “grands” média qui, sauf quelques exceptions, ne rendent pas compte de l’affaire, n’appellent pas à des mobilisations de soutien et qui, au contraire, quand elles l’évoquent, le font sur le ton du dénigrement. Pourtant c’est bien la liberté et l’indépendance de la presse qui est en jeu et qu’il faudrait défendre en soutenant J.Assange .
« L’affaire Assange, c’est l’histoire d’un homme persécuté et maltraité pour avoir révélé les sordides secrets des puissants, notamment les crimes de guerre,la torture et la corruption. C’est l’histoire d’un arbitraire judiciaire délibéré dans des démocraties occidentales qui tiennent par ailleurs à se présenter comme exemplaires en matière des droits de l’homme »
Nils MELZER « L’Affaire Assange, histoire d’une persécution politique » Editions critiques
Pour évoquer l’affaire Assange, la Carmagnole et les Amis du Monde Diplomatique ont invité Laurent Dauré, journaliste indépendant et traducteur.
Il s’intéresse tout particulièrement à la géopolitique occidentale, à la critique des médias et aux dispositifs de propagande. En spécialiste du dossier, il a coordonné l’édition du livre “Julian Assange et WikiLeaks : le combat du siècle pour la liberté d’informer” (Les Mutins de Pangée, 2021). Il est membre fondateur du Comité de soutien Assange.